Pêcherie de Céphalopodes : gérer la ressource et valoriser la production.

Publié le 21 décembre 2017 | Nos travaux, Pêche, Ressources documentaires |
Les céphalopodes de Manche (seiches et calmars) sont parmi les ressources les plus  importantes de la pêche bas-normande. Ces stocks ne font actuellement pas l’objet d’une évaluation régulière, ce qui est nécessaire pour définir les conditions d’une exploitation durable. Parmi les métiers côtiers, la pêche aux casiers, pourtant moins destructrice des habitats que le chalutage, connait le problème des œufs fixés sur les engins. La meilleure valorisation possible de ces ressources passe enfin par l’optimisation de leur qualité. Des études ont été menées en collaboration avec l’Université de Caen, le SMEL, le Cnam-Intechmer, l’Ifrermer et le Comité régional des pêches maritimes de Basse-Normandie et cofinancées par le Conseil Régional de Basse-Normandie.
L’objectif général de ces études est donc d’améliorer les conditions d’exploitation et de valorisation de la ressource afin d’optimiser et de pérenniser le revenu qu’elles représentent pour les pêcheurs. Il comprend trois actions complémentaires.


L’étude du devenir des juvéniles issus d’œufs de seiches fixés aux casiers

Pour les pêcheurs professionnels et pour les conseillers, l’enjeu est de savoir si des aménagements de la pêche aux casiers (comme le dégrappage et l’incubation en milieu contrôlé) pourraient réduire les pertes de juvéniles contribuant au renouvellement de la ressource.

La seiche commune Sepia officinalis figure parmi les ressources les plus importantes de la pêche de Basse-Normandie. Les œufs laissés par les femelles sur les casiers de pêche lors des pontes annuelles, sont généralement en partie détruits. Une évaluation du comportement de l’espèce est nécessaire pour définir les conditions d’une exploitation durable (élevage et/ou repeuplement), notamment le devenir des pontes fixées aux casiers. Les œufs qui ne poursuivent pas leur développement dans l’environnement naturel pourraient produire des juvéniles aux comportements altérés, incapable de s’adapter à un environnement naturel en cas de réintroduction dans le milieu. Pour mettre en évidence l’influence induite par le milieu d’incubation sur le comportement de défense et de prédation des juvéniles, nous avons formé deux groupes à partir de mêmes grappes d’œufs, l’un dont le développement se déroule en milieu naturel (groupe 1), l’autre en laboratoire expérimental (groupe 2). Selon les tests d’efficacité de l’homochromie sur substrat uniforme effectués à J0 (18 heures), la mesure de la performance des motifs disruptifs sur substrat contrasté à J1 (132 heures), et l’observation du comportement de prédation (crevettes grises Crangon crangon) à J3 (180 heures), les résultats ne montrent pas de différence significative en fonction du milieu d’incubation. Ceci suggère que la récupération d’œufs fixés aux casiers, dans l’objectif d’une incubation en milieu contrôlé, ne compromettrait pas la survie des juvéniles à plus long terme.

L’analyse de la qualité et de la fraîcheur des produis de différents métiers

Pour les pêcheurs et pour la filière de commercialisation, mieux évaluer la qualité et la fraîcheur des Céphalopodes débarqués en Basse-Normandie et savoir quelles pratiques assurent la meilleure conservation vise à optimiser la valorisation des productions.

L’intérêt de ce travail est d’utiliser les critères innovants et pertinents sur la fraîcheur et la qualité nutritionnelle pour évaluer la fraîcheur des céphalopodes en fonction des modes de pêche, des zones de pêche et des saisons. Les seiches et les calmars ont été pêches dans des Zones bien définies en Manche soit par chalutage soit au casier. L’évaluation biochimique de la qualité nutritionnelle et de fraîcheur ont été estimée par des dosages biochimiques. Les résultats de cette étude montrent que les seiches péchées au casier gardent mieux leur fraîcheur et leur qualité nutritionnelle pendant les cinq premiers jours de conservation que les seiches et les calmars péchés au chalut de fond. Les animaux péchés au chalut de fond et conservés dans la glace gardent une bonne qualité nutritionnelle pendant plus de temps que les animaux péchés aux chaluts de fond et non conservés immédiatement dans la glace. Par contre il reste difficile de conserver une meilleure qualité nutritionnelle après cinq jours de conservation uniquement dans la glace quel que soit l’engin de pêche. La comparaison entre les calmars et les seiches pêchés avec les mêmes engins montre que la fraîcheur et la qualité nutritionnelle est meilleure chez les encornets.

Le suivi d’indicateurs d’abondance de la ressource et de son exploitation

Pour les pêcheurs et les gestionnaires, disposer d’outils de diagnostics « précoces » de l’abondance est nécessaire pour adapter l’activité des professionnels ou proposer des règles de gestion. La mise à jour de modèles prédictifs suppose le suivi des productions (échantillonnage en criée) et les interactions entre flottilles ou entre zones de pêches commenceront à être abordées par l’exploration des données d’observations en mer.

L’échantillonnage des Céphalopodes débarqués a la criée de Port-en-Bessin a été poursuivi sur un rythme mensuel (durant la période de l’étude les effectifs mesurés dépassent 11 000 calmars et 2 300 seiches). L’abondance des calmars durant une saison de pêche a été mesurée à partir d’indices déduits des débarquements par unité d’effort (DPUE) des chalutiers démersaux. Un modèle permettant de prédire l’abondance à partir de variables hydro-climatiques a été mis au point en 2014 et son application pour prédire l’abondance de la cohorte 2014-2015 de chaque espèce a confirmé sa validité. L’analyse exploratoire des données récoltées par les observateurs embarqués pour le suivi de la pêche commerciale (programme national Obsmer) renseigne sur la variété des métiers échantillonnés, sur les espèces qu’ils capturent et sur les rejets quand ils existent. Cette source de données est donc potentiellement utile pour les Céphalopodes même si quelques interrogations apparaissent concernant la qualité des informations enregistrées. Le modèle prédictif de l’abondance des calmars a été présenté aux partenaires de cette convention (Ifremer, Comité des Pêches, OP) a la communauté scientifique (Conférence Scientifique Annuelle du CIEM et groupe de travail “Céphalopodes”) ainsi qu’aux professionnels.

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