Suivre l’évolution des écosystèmes conchylicoles et halieutiques fait partie des grandes actions menées par le SMEL depuis 15 ans. Le suivi d’indicateurs pertinents mesurés directement sur le terrain permet d’obtenir des séries historiques visualisant de grandes tendances spatiotemporelles.
SOMMAIRE :
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Qu’est ce que le monitoring ?
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Un réseau, mais sur quoi ?
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Un réseau, mais où ?
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Un réseau, mais combien de temps ?
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Un réseau mais pour quelle fréquence ?
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Un réseau, descripteur de tendances.
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En conclusion
Qu’est-ce que le monitoring ?
La définition la plus courante de ce mot anglais passé dans la langue française est : « système de surveillance ». Derrière cette définition lexicale, se cache également une approche méthodologique dont le principe repose sur des mesures réelles de paramètres pertinents directement sur le terrain. Ces données constituent au fil du temps, une fois agrégées, de véritables bases de données temporelles ou séries historiques.
Mise en application dès les années 90, cette méthodologie constitue au SMEL tout un champ d’action dit de réseaux d’observation dont l’objectif est d’apporter dans un domaine de compétence considéré ce que l’on pourrait assimiler à des « mètres étalons » et donnant une lecture la plus réelle possible des grandes tendances d’un certain nombre d’indicateurs. Partant du constat qu’il existait un réel manque d’information sur un certain nombre d’activités économiques ou sur le milieu littoral, cette méthodologie a été viscéralement ancrée dans la culture du SMEL de par les moyens techniques, logistiques et humains dont il disposait.

Bien évidemment, cette méthode implique une pérennisation des observations réalisées. Pour être pertinentes, ces séries historiques ne doivent comporter qu’un minimum d’interruptions pour ne pas rompre les tendances décrites. Par contre, il est toutefois important de pouvoir faire évoluer les méthodes qui reposent sur des protocoles standardisés de manière à les optimiser au mieux.
Un réseau, mais sur quoi ?
Pour répondre aux missions qui lui sont allouées, le SMEL s’est fixé comme objectif d’appliquer cette méthodologie dans le domaine de la conchyliculture et de la pêche côtière en prenant en considération le milieu dans lequel ces activités se déroulent.
La conchyliculture :
Dans le domaine de la conchyliculture, deux réseaux d’acquisition de données existent sur l’huître japonaise Crassostrea gigas. Un réseau d’acquisition de données a été créé sur les moules Mytilus edulis en élevage dans la Manche.
Écosystème littoral :
L’écosystème littoral abritant ces activités économiques fait également l’objet d’un suivi spécifique notamment en termes hydrobiologiques au niveau des espaces conchylicoles : HYDRONOR
La Pêche :
Deux grandes catégories de pêcheries régionales sont suivies :
Un réseau, mais où ?
La notion de réseau s’entend ici sur la mise en œuvre d’un maillage spatial de points d’observations caractérisant un secteur ou site donné. L’espace côtier faisant l’objet de monitoring au SMEL concerne le littoral du département de la Manche allant du golf Normand-Breton à la Baie des Veys.
Les réseaux conchylicoles concernent les secteurs d’élevage de la Côte Ouest et Est Cotentin directement implantés sur les concessions et donc accueillis par des ostréiculteurs et des mytiliculteurs qui acceptent de mettre à disposition du SMEL la place nécessaire au suivi.
Le réseau hydrobiologique a été créé spécifiquement pour associer des points d’observation des masses d’eaux en lien avec les stations de suivis conchylicoles. C’est pourquoi le maillage de ce réseau colle intimement aux maillages des suivis huîtres et moules.


Les cantonnements à Homard de la côte Ouest Cotentin sont suivis par le SMEL. Il s’agit des secteurs de Chausey, Blainville sur mer, Pirou, St Germain sur ay et Dielette.
Un réseau, mais combien de temps ?
La pertinence de cette approche repose principalement sur l’acquisition de données qui s’inscrit dans la durée. La pérennité même des réseaux mis en place est donc cruciale. En fonction des objectifs propres à chaque thématique, un recul de l’ordre de presque deux décennies pour les suivis conchylicoles à cinq ans pour le plus récent d’entre eux (HLIN) est maintenant disponible. Plus le recul est important, plus il est possible d’observer de grandes tendances.
Un réseau, mais à quelle fréquence ?
Directement liée à la nature des paramètres mesurés, la fréquence d’observation varie en fonction des programmes. Elle va d’observations bimensuelles pour le suivi hydrobiologique des masses d’eaux, en raison de la rapidité d’évolution des paramètres mesurés au cours d’une année, en passant par des observations saisonnières (trimestrielles) et allant jusqu’à des évaluations réalisées ponctuellement tous les deux ans dans le cadre des suivis des pêcheries (en alternance une année sur deux entre bulots et homards).
Un réseau, descripteur de tendances
En fonction des thématiques et donc du plan d’échantillonnage mis en place, les tendances des indicateurs suivis peuvent prendre différentes formes.


Autre point important, les bases de données ainsi acquises, permettent d’établir des niveaux de référence et constituent dans certains cas des états des lieux initiaux qui serviront à l’avenir à mieux appréhender les grandes évolutions potentielles. C’est notamment le cas du suivi HLIN qui établit le niveau de base du captage d’huîtres creuses dans notre région, qui en l’état, ne peut être exploitable par les ostréiculteurs actuellement, mais qui, si des changements d’ordre climatique influencent suffisamment le milieu, pourra alerter sur de possibles exploitations.

Ces suivis participent également par leur apport scientifique à la mise en place de démarches de certification de pêches durables. En 2011, la pêcherie de homard du Cotentin et de Jersey a obtenu l’écolabel MSC Pêche Durable. La pêcherie de bulot est en cours de certification.
En conclusion
Cette approche apprend également la patience car c’est au nombre des années accumulées que ces bases de données prennent tout leur sens, ce qui implique, revers de la médaille, d’avoir les moyens humains et financiers dans le temps pour pérenniser ce type d’actions.
Enfin, l’approche régionale inhérente aux missions du SMEL, est réalisée en partenariat avec des organismes tels que l’IFREMER (réseau RHLN), le SYMEL (cantonnement homard de Chausey) ou l’agence des aires marines protégées (HLIN) complétant ainsi l’offre des acquis de connaissance en Normandie et s’inscrit également dans un contexte national dans le cadre de partenariats avec l’IFREMER (réseaux nationaux huîtres et moules) ou interrégional (partenariat avec les autres centres techniques régionaux CEPRALMAR, CREAA et SMIDAP). Cela suscite également le travail en réseau avec des partenaires professionnels (CRPBN, CRC) et scientifiques (universitaires, l’IFREMER, Fischeries and Marine Ressources de Jersey).
























