Des huîtres sauvages (un peu) moins présentes sur les côtes normandes.

Publié le 2 octobre 2017 | Cultures marines, Mer & Littoral, Nos travaux |
Comme de nombreuses côtes en Europe, celles de Normandie voient leurs rivages colonisés par l’huître japonaise Magallana gigas (anciennement Crassostrea gigas), en particulier entre Champeaux et Saint Germain / Ay, sur la côte ouest du département de la Manche. Toutefois, le phénomène dans le golfe Normand Breton reste de faible ampleur et ne permet pas une activité de captage naturel. Depuis 2010, le SMEL suit cette colonisation comme indicateur de l’évolution du milieu marin à travers son programme HLiN (Huîtres du LIttoral Normand). La tendance depuis ces 7 dernières années semble être à une légère baisse sur l’ensemble des côtes et plusieurs phénomènes peuvent l’expliquer comme un recrutement faible et des zones fortement pêchées.

 


Un suivi normalisé depuis 2015.

Après une première période consacrée à faire un état des lieux de la colonisation et des méthodes de suivi, un protocole a été défini en 2014 pour assurer la continuité des observations effectuées sur le terrain. Le réseau HLiN est composé de deux grandes parties, la première étant l’état de la colonisation. Pour cela, plusieurs points sont choisis sur une grande partie des côtes de la Manche et sont suivis tous les trois ans selon la même méthode et un calendrier établi à l’avance. Cependant, 4 sites sont suivis annuellement dans le but de mieux apprécier la dynamique de population (cf. ouvrir carte de droite). L’autre partie du projet, le recrutement, c’est-à-dire l’arrivée de juvéniles sur les rochers, est également suivi annuellement sur ces 4 mêmes sites. Les relevés sur le terrain sont effectués entre janvier et février, ce qui permet aux juvéniles potentiellement captés durant l’été d’avoir une croissance suffisante pour être visible au moment des comptages.

Une population légèrement en baisse.

Même s’il est difficile de tirer des conclusions définitives après un seul cycle de suivi, il apparait que la population d’huîtres sauvages soit stable sur la plupart des sites ou en recul sur quelques exemples particuliers. A valeur d’exemple, un net recul de la population d’huîtres est observé sur Granville (le Roc) avec, en trois années, une densité divisée quasiment par deux. Comme il s’agit du site ayant la densité la plus forte sur une surface importante, la perte est donc importante. Par ailleurs, sur le site de Carolles, on voit plutôt une tendance à l’augmentation avec une densité qui a doublé entre 2013 et 2017. Toutefois, la densité reste moyenne avec 9 individus/m². Par ailleurs, certains sites ont réservé quelques surprises comme sur la plage d’Hacqueville à Granville où l’on a pu observer une disparition presque totale des huîtres. En 2011, la densité moyenne s’élevait à 31 huitres/m², avec des maximums à plus de 100 individus formant ainsi des véritables récifs sur la plage. En 2015, la densité moyenne est tombée à 3 individus/m² et la plupart des rochers était mis à nu ou recolonisés par d’autres organismes. La cause de cette disparition semble être une pêche à pied massive sur ce site au cours des années 2012 / 2013.

Un recrutement très faible sur cette période.

Durant cette même période, le taux de recrutement d’huîtres est également suivi. En règle générale, un recrutement faible à très faible est observé avec l’arrivée de quelques individus chaque année entre Saint Germain / Ay au nord et Carolles au sud (entre 0 et 10 / m²).  Par contre, aucune observation de recrutement n’a été faite sur Portbail. Mais il s’agit d’un site sentinelle afin de surveiller la progression de la colonisation vers le nord. Cependant, quelques exceptions confirment cette règle. En 2013, le recrutement le plus important a été observé sur la zone de Carolles avec 43 nouveaux individus au mètre carré. Or cette zone est l’une des rares à voir sa population augmenter malgré une pression anthropique importante. Mais, même si cela reste à confirmer lors de ces trois prochaines années, il semble que le renouvellement de population s’effectue sur cette zone.  A l’inverse, le recrutement très faible depuis 4 ans sur Granville explique en partie la chute de population observée ces dernières années. On voit également une certaine irrégularité entre les années, comme en 2016 où le recrutement a été inexistant sur l’ensemble de la côte.

Un suivi qui continue

Un nouveau cycle de 3 ans s’ouvre dès le début de l’année 2018 qui verra une estimation de population et de recrutement sur l’ensemble des sites d’ici à l’hiver 2020. Parallèlement à ce suivi, HLiN continue ses investigations dans la compréhension des mécanismes du recrutement, notamment sur la courantologie du Golfe Normand Breton (entre Cancale en Ille et Vilaine et Barneville Carteret dans la Manche) avec le laboratoire Environnement Ressources de l’Ifremer de Port en Bessin. D’autre part, de nouveaux moyens d’investigation sont actuellement à l’étude, notamment par drone qui devra permettre d’affiner la méthodologie et d’augmenter les surfaces de suivis.

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