Les coques : une nouvelle activité conchylicole dans le Calvados

Publié le 26 novembre 2018 | Cultures marines, Nos travaux |

La richesse de la conchyliculture normande repose sur l’ostréiculture (élevage des huîtres), la mytiliculture (élevage des moules), la vénériculture (élevage des palourdes) et la cérastoculture (élevage de coques). Ces deux dernières activités représentent des productions certes moins importantes que les activités phares d’élevage d’huîtres et de moules, mais étoffent néanmoins l’offre conchylicole de la région. Jusqu’alors uniquement présentes sur l’archipel des Iles Chausey dans la Manche, depuis le 5 novembre 2018, les coques ont débarqué sur le littoral du Calvados à l’abri des falaises des vaches noires à Auberville.



L’élevage de la coque.

La cérastoculture est l’élevage de la coque commune appelée Cerastoderma edule. Ce bivalve fouisseur, appartenant à la famille des Vénéridés, vit sous quelques centimètres de sable dans la zone de balancement des marées en Manche et Côte Atlantique, et peut atteindre une taille maximale de 4 à 5 cm. L’exploitation principale de la coque est réalisée par pêche au niveau des gisements naturels mais l’élevage s’est historiquement développé depuis les années 1980 dans le traict du Croisic (Loire-atlantique), le site français de production le plus important. L’élevage est approvisionné en juvéniles à partir de récoltes effectuées par dragage dans la baie de la Vilaine, les naissains de coques étant ensuite semés au sol pour la phase de grossissement. La production annuelle varie de 1 200 à 2 000 tonnes, plaçant le traict du Croisic en deuxième position française derrière la baie de Somme (2 000 à 7 000 tonnes de pêche).

A l’heure actuelle en Normandie, l’élevage de coques de l’archipel des Iles Chausey génère une production d’environ 50 tonnes.

La taille de commercialisation minimale autorisée en Normandie est de 27 mm pour la pêche. Pour l’élevage, il n’existe pas de limite réglementaire de taille mais cette valeur reste l’objectif minimum à atteindre en production.

Un projet innovant sur la côte fleurie du littoral du Calvados.

Travaillant depuis de nombreuses années dans la cérastoculture au Croisic, Vincent Lescaudron arrive en Normandie avec le souhait de développer son propre projet d’élevage de coques. Posant ses valises dans le département du Calvados, il découvre et identifie très vite, avec la Direction Départementale des Territoires de la Mer du Calvados (DDTM14), un secteur qui pourrait être propice à cette activité sous les falaises des « Vaches noires » à Auberville situé entre Houlgate et Villers sur Mer, sur la côte fleurie.

Comme tout nouveau projet de cultures marines le nécessite, une première phase d’expérimentation est préalablement nécessaire afin de vérifier la faisabilité d’un tel projet sur ce site à enjeux environnementaux et d’usages.

Ainsi, à l’issue d’une procédure réglementaire d’une année durant laquelle les communes de Villers-sur-Mer et de Auberville ont apporté leur soutien au projet, le préfet du Calvados a concédé en septembre 2018, un hectare du domaine public maritime de la plage d’Auberville au Comité Régional de la Conchyliculture « Normandie-Mer du Nord »  (CRC-NMdN) pour l’exploitation à titre expérimental d’un élevage de coque à plat assuré par convention avec le CRC-NMdN par un délégataire Vincent Lescaudron.

Prévue pour une durée de quatre ans, l’exploitation de la concession expérimentale est accompagnée par un comité scientifique et technique (CST) dont les membres assurent les suivis nécessaires vis-à-vis des enjeux sanitaires, environnementaux et usuels de cette partie de l’estran encadrée par des prescriptions environnementales.

Si, au terme des quatre années, l’exploitation de l’élevage de coques s’avère concluante, elle pourrait déboucher sur un développement raisonné de cette nouvelle activité économique sur le littoral du Calvados.

Un projet structuré par le programme « Coquesfleuries »

Cette phase expérimentale d’élevage conduite par le porteur du projet est encadrée par le programme de suivi « Coquesfleurie » qui bénéficie d’aides financières provenant du CRC-NMdN, du Conseil Régional de Normandie et du Développement Local par les Acteurs Locaux du Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (DLAL FEAMP).

Couvrant l’ensemble des enjeux identifiés, ce programme comporte donc un volet sanitaire géré par la DDTM14, un volet productivité (croissance, mortalité, rendement en élevage) géré par le SMEL, un volet environnemental (identification, description et évolution des habitats intertidaux meubles) conduit par le groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux de Normandie (GEMEL-Normandie), un suivi des variations géomorphologiques (suivi des mouvements sédimentaires par le biais de visualisations aériennes et  carottages) ainsi qu’un inventaire des usages (perception et intégration de l’élevage) conduits également par le SMEL et enfin, un volet de suivi ornithologique conduit par le groupe ornithologique normand (GONm).

L’ensemble de ces suivis est analysé par un comité de pilotage, regroupant experts scientifiques, membres du CST et partenaires liés au projet, qui se réunit au minimum deux fois par an sous l’autorité du préfet du Calvados.

Mené sur les quatre années d’attribution de la concession expérimentale, ce programme de suivi couvrira trois cycles consécutifs de production de coques dont les durées individuelles restent à déterminer en fonction des conditions environnementales et des caractéristiques du site.

Les premières coques sont arrivées sur site

Depuis l’attribution de la concession expérimentale (arrêté du 19 septembre 2018), des opérations de suivi ont été réalisées en octobre dernier, avant la mise en élevage des coques, pour obtenir toutes les évaluations initiales nécessaires (suivi environnemental et mouvements géomorphologiques).

Les premiers semis de coques ont été réalisés les 3 et 5 novembre derniers par le délégataire. Les nouveaux occupants du littoral aubervillais sont donc en place. Il ne reste plus qu’à observer si ce nouvel habitat normand leur conviendra et si cette activité, accueillie avec ferveur par les communes d’Auberville et de Villers sur Mer, sera compatible avec l’environnement particulier de ce site et s’intégrera avec succès à l’ensemble des usages déjà très riches et variés de cette frange littorale de Normandie.

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